Après des activités commerciales maritimes fructueuses au XVIIIe siècle, la ville portuaire de Saint-Tropez connaît au XIXe siècle une période d'assoupissement. Pour certains observateurs (Sue, Lenthéric) le port, silencieux et bordé de maisons délabrées, est définitivement voué à l'abandon. C'est précisément pour cela que d'aucuns venus d'ailleurs (E. Ollivier, Signac...), viennent s'installer sinon se réfugier dans cette cité éloignée, peu accessible, propice à la solitude et à la méditation. Ils sont suivis au XXe siècle par quelques représentants du monde des lettres et des arts extérieurs au « pittoresque petit port de pêche » et sensibles au passé flamboyant de la « cité corsaire ». Au milieu du siècle, le développement du tourisme et quelques productions cinématographiques détournent ce regard pour transformer Saint-Tropez en Saint'Trop. L'image, construite d'ailleurs et pour les autres, est alors véhiculée par divers supports et participe à une représentation en rupture avec la situation recherchée par les visiteurs du siècle précédent. Les responsables de cette ville, désormais « ouverte sur le monde », ont tenté, dès le début du XXe siècle, de fournir en contre-point une autre image de leur ville portuaire. Sans refuser le regard des autres, de récentes actions, qui résultent d'un regard sur soi, visent, en empruntant de nombreux vecteurs, à donner à voir, aux autres mais aussi à la population locale, une autre réalité de leur cité, de son passé et de ses ambitions futures. Trajectoires que l'on perçoit également à des degrés différents et selon d'autres modalités dans de petits ports méditerranéens voisins.